Je marche, le pas alerte, la tête si haute qu'elle scrute le temps.
Oh! que avant était bon! La vie plus vivante, les Hommes plus humains, l'âme sainte, ouverte sur l'humanité...
J'ai scruté le temps, à travers cette vallée, aujourd'hui sans vie, si hostile.
Partout, tout va à l'envers, les nains qui se prennent pour gargantuas
Des oubliés qui se prennent pour nos contemporains.
Noé a repris de construire son arche, et Moïse rassemble, avec peine les débris des saints commandements.
Les barques rament à contre courant, et montent vers l'amont, avec une dextérité sans précédent.
Vers la Vallée du Nil, la marche de l'endurance, où l'écho de mes pas sonne lointain, étouffé par l'horizon, le son du néant, le bruit des affronts,
Où le souffle de ma vie s'envole, emporté au loin par le vent, les tourments des démons.
Vers la Vallée du Nil, la marche forcenée, la marche du temps, la marche des initiés, le temps est dépouillé, révélé, dénudé.
Dans chaque angle s'ouvrent les portes du temps, la splendeur des vents, l'aura des démons empeste l'air, le son du glas sonne..., l'instant d'après, tout s'enfuit, avalé dans l'ardeur du néant.
Vers la Vallée du Nil, vers le son dévoilé, vers le temps scruté, vers les vents endiablés, je marche, je marche, je marche....